Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T2.djvu/55

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Sand, qu’elle a « agi en plein calme, » et « en raisonnant » ; qu’elle n’était pas éprise », qu’il y a eu là « sagesse de gouvernante », « manque de passion », « absence d’oubli de soi-même », « amour administré comme médicament » (!!), etc.

Par tout ce qui a été dit plus haut, on voit que Lindau s’est proposé de nous donner un récit captivant d’un thème psychologique très intéressant, mais ce n’est pas là de l’histoire, c’est uniquement de la littérature. Il est évident que Lindau n’est guère plus heureux lorsqu’il essaie de représenter George Sand comme une Mme  Putiphar (et Musset comme un autre Joseph !) comme une intrigante menteuse qui entortillait le jeune homme à sa guise, et qui, le pétrissant comme une cire molle, faisant de lui, tantôt une figure douce et humble, tantôt une figure bouillonnante de passion. Il ressemblait bien peu à un jouvenceau innocent, détourné de la bonne voie par une intrigante froide et hypocrite, celui qui racontait à son frère des historiettes « dans le goût de Lauzun et de Bassompierre », lui, l’auteur de Mardoche, de Namouna et de Rolla ! Il en est de même de George Sand, si passionnée, si impressionnable, si facile à entraîner, habituée « à tout risquer à tout propos », si peu constante et si peu ressemblante à Thérèse Jacques, cette femme si calme et si raisonneuse.

Cette confusion entre des êtres si dissemblables, entre des personnages fictifs et des personnages réels, amène le sourire sur les lèvres du lecteur. Un fait nous arrête encore, qui a servi souvent d’arme à ceux des ennemis de George Sand qui cherchent à l’accuser d’hypocrisie comme femme et comme écrivain : c’est que les héroïnes de George Sand sont un peu phraseuses et prolixes dans