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collaborateur, envoya la somme par retour du courrier, sans autre condition que celle d’être remboursé en manuscrit. George Sand se mit à l’œuvre et expédia l’un après l’autre, de Venise à Paris, plusieurs romans, entre autres deux de ses œuvres les plus charmantes, André et Teverino[1] « Je fus tellement touché de l’énergie de George, m’a dit Buloz, — il ne l’appelait jamais autrement, ajoute M. Plauchut, — émerveillé de la valeur littéraire de ces romans que je ne voulus jamais qu’elle payât sa dette… » Nous laisserons ici à Buloz la responsabilité de son désintéressement, car par les lettres inédites de George Sand à Boucoiran, son ami et factotum, nous voyons qu’elle travaillait, au contraire, presque au delà de ses forces, ne sachant comment se tirer d’affaire pour envoyer à temps le nombre de feuilles d’impression que Buloz réclamait[2], qu’elle demandait constamment à Boucoiran de prier Buloz de ne pas être si pressant, de lui donner du temps. Enfin, dans une de ses lettres elle lui demande de lui envoyer l’argent de son travail, sans quoi elle ne pourrait payer le docteur ni le pharmacien, ni son retour en France. Dans ses lettres du 4 et 5 février[3] George Sand prie Boucoiran de tâcher de s’arranger, en tout cas, avec un autre éditeur, Dupuy, pour une nouvelle édition à faire de ses œuvres publiées jusque-

  1. C’est là une erreur sans doute involontaire que M. Plauchut commet aussi dans le Temps en nommant André et Teverino. Teverino n’a paru que onze ans plus tard, en 1845. Une lettre inédite à Boucoiran nous apprend qu’à Venise George Sand avait travaillé au Secrétaire intime (elle en fait mention le 28 janvier). Le 7 mars elle parle d’André, de Jacques qui est promis à Buloz pour le mois de mai, et de Leone-Leoni. Enfin, à Venise aussi, ont été écrits Mattea et les premières Lettres d’un voyageur.
  2. On voit déjà dans la lettre du 28 janvier qu’elle travaillait énormément. Le 4 février elle écrit : « Je m’échine à le satisfaire… Je crève de travail… »
  3. Lettres inédites.