Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/343

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bon effet. Les pensées d’hier feront diversion à celles d’aujourd’hui. Mais surtout pas un mot du présent. Je l’écrirais avec une plume de feu trempée dans du fiel. Aussi bien, puisque me voilà écrivant mon voyage, je suis bien aise qu’il y ait de tout, et que la chose dont il soit le moins question soit précisément mon voyage. Commençons.

Ferai-je une préface ? Oui. Il en faut une. C’est indispensable et je veux faire un ouvrage complet. Passons à la préface.

Mémoires inédits.
Préface

J’écris mon histoire pour me désennuyer (Fin.)

Bien. Je ne vois pas ce qu’on peut dire de plus et de mieux. Cela est véritable, positif, clair, concis. On voit tout d’abord ce que je veux dire. — Passons au chapitre premier, pour suivre les règles de l’art, il faudrait faire un peu l’histoire de mes parents et même remonter à celle de leurs parents à la seconde ou troisième génération. Mais comme je n’ai pas le temps et que je prétends finir mon ouvrage avant de dîner, je passe à ma propre histoire.

I

Je naquis dans la rue Mélée (sic) l’an XII de la république. Ma mère était au bal. J’arrivais entre la chaîne anglaise et la queue du chat.

On n’eut que le temps de m’envelopper dans un fichu de crêpe rose et de m’emporter. C’était d’un bon augure, dit-on. Les augures ne se justifient que quand ils annoncent le mal.

Le lecteur voit que dès le début c’est là en abrégé la vraie Histoire de ma vie qui ne présente qu’une version développée de ces mémoires premiers. Nous y trouvons notamment et « l’histoire des parents et même celle de leurs parents à la seconde et troisième générations », histoire qui doit expliquer et faire prononcer l’absolution sur bien des faits de la vie de l’auteur, et le « premier chapitre » commençant par le récit de sa naissance en « l’an XII de la République », et même, au vol de la plume, la remarque amèrement ironique sur ce que les pronostics gais et roses accompagnant la venue au monde de l’auteur de Lélia et du Journal de Piffoël et lui prophétisant un avenir riant, ne se sont pas justifiés. Puis vient une série de petits chapitres qui ne présentent pour le lecteur qui connaît l’Histoire de ma vie et l’histoire réelle des premières années de George Sand, qu’un