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POUR NE PAS ÊTRE TREIZE.

Elle pleura encore longtemps ; puis tout à coup elle releva la tête, elle repassa encore dans sa mémoire tous les malheurs et toute la honte qui s’étaient amassés sur elle, et elle dit :

— Mon Dieu ! vous voyez bien qu’il faut que je meure.

À ce moment, madame Gautherot entra dans sa chambre ; elle l’avait vue pâle et abattue depuis plusieurs jours ; elle était inquiète, et le fut bien davantage en la revoyant baignée de larmes. Elle la prit dans ses bras, la caressa, lui demanda affectueusement ce qu’elle souffrait. À ce moment, Fanny eut envie de se jeter à ses pieds et de lui tout avouer ; mais madame Gautherot ajouta :

— Dis-moi ce que tu as, ma chère enfant ; tu ne peux rien avoir à te reprocher de ces choses qu’une mère ne peut pardonner. Je suis sûre que c’est quelque folie que tu t’exagères. Toi, si sage, toi dont je disais encore aujourd’hui à dîner, chez les Rignoux, que, si ce n’était pour le monde, je te confierais à toi-même ta propre surveillance, tant je suis sûre de toi.

— Allons, allons, pensa Fanny, plus de lâ-