Page:Keats - Poèmes et Poésies, trad. Gallimard, 1910.djvu/245

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Cependant le jeune Lorenzo ne fut pas embaumé avec des épices
De l'inde torride, cette vérité est incontestable —
Même les abeilles, ces petites mendiantes des berceaux printaniers
Savent que la plus grande abondance de suc se trouve dans les fleurs empoisonnées.

XIV

La mignonne amoureuse habitait avec ses deux Frères
Enrichis par le commerce de leurs ancêtres,
Pour eux, plus d’une main lassée s’humectait de sueur
Dans les mines éclairées de torches ou dans les bruyantes factoreries,
Plus d’un dos frémissant d’orgueil se courbait
Et saignait sous l’aiguillon du fouet ; les yeux creux,
Aveuglé, plus d’un passait des jours entiers dans la rivière,
Pour récolter les grains d’or roulés par les flots.

XV

Pour eux, le plongeur de Ceylan retenait sa respiration.
Et s’exposait sans défense à la voracité des requins ;
Pour eux le sang jaillissait de ses oreilles ; pour eux, mourant,