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XLVII

Bientôt elle déterra un gant boueux, sur lequel
Avec la soie sa fantaisie avait brodé de pourpres dessins,
Elle le baisa de ses lèvres plus froides que le marbre,
Et le mit dans son sein où il se sécha
Et glaça complètement jusqu’à l’os
Les suaves mamelles créées pour apaiser les cris des enfants :
Puis elle recommença à fouiller, sans répit
Si ce n’est pour écarter de temps en temps le voile de ses cheveux.

XLVIII

La vieille nourrice se tenait à côté d’elle, étonnée,
Jusqu’à ce qu’elle se sentît le cœur ému de pitié
A la vue d’un si pénible labeur,
Alors elle s’agenouilla aussi, malgré ses mèches blanches
Et prêta ses mains décharnées à cette horrible besogne ;
Trois heures elles peinèrent sur ce douloureux travail :
Enfin elles touchèrent le fond de la fosse
Sans qu’Isabelle perdît son calme ni son sang froid.