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LI

Anxieuses pour leur secret, elles emportèrent la tête chez elles
Où la récompense fut pour la seule Isabelle :
Elle lissa la chevelure en désordre avec un peigne d’or,
Autour de chaque œil plus creusé encore par la mort
Elle fixa des boucles comme des cils ; et la glaise gluante,
Avec des larmes aussi glacées que le suintement d’une source
Elle l’enleva ; puis de nouveau elle peigna et
Soupira tout le jour — puis de nouveau elle embrassa et pleura.

LII

Ensuite dans une écharpe d’or — parfumée avec la rosée
De fleurs précieuses, cueillies en Arabie,
Et les divines liqueurs distillées en gouttes odorantes
A travers les tuyaux serpentins rafraîchissants —
Elle l’enveloppa ; et pour tombe lui choisit
Un pot de fleurs, dans lequel elle l’enfouit,
La recouvrant de terre ; et par dessus elle planta
Un basilic fleuri, que ses larmes arrosèrent à jamais.