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LIII

Elle oublia les étoiles, la lune, le soleil,
Elle oublia l’azur au-dessus des arbres,
Elle oublia les vallées où coulent les ruisseaux,
Elle oublia la brise glaciale de l’automne ;
Elle n’avait aucune notion de la fin des journées
Et ne discernait pas leur recommencement ; mais en paix
Se penchait sur son basilic en fleur immuablement,
Et le trempait de ses larmes jusqu’à la racine.

LIV

Ainsi elle le nourrit sans trêve de ses larmes amères,
Qui le rendirent gras, vert et florissant
Au point que son baume surpassa celui de ses semblables
Les autres toufles de basilics de Florence ; car il tirait,
En plus, sa nourriture et sa vie, d’un forfait humain,
De cette tête devenue pourriture cachée à tous les regards
Au point que ce joyau, en sûreté dans son écrin,
Prospéra au grand jour et s’épanouit en feuilles parfumées.