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POÈMES 299

Là où les colonnes de Vulcain* brillent alignées à perte de vue.
Et parfois dans les cités elle transportait
Son rêve pour se mêler aux fêtes et aux révoltes ;
Une fois, tandis qu’en rêve elle était parmi les mortels,
Elle aperçut le jeune Corinthien Lycius
Conduisant un char le premier, dans une course disputée.
Tel un jeune Jupiter calme, la figure sereine ;
Et défaillant, elle tomba amoureuse de lui.
Maintenant à l’heure des phalènes et du clair obscur,
Il reprendrait cette route, elle le savait bien,
Pour revenir du rivage à Corinthe ; car fraîchement soufflait
La douce brise de l’Est, et sa galère en ce moment
Heurtait de sa proue d’airain les quais en pierre,
Arrivant de l’île d’Egine, dans le port de Cenchrée
Récemment mouillée ; là, il avait passé quelque temps
Pour sacrifier à Jupiter dont le temple en cette île
Laisse entrer par ses hautes portes les victimes et le précieux encens.
Jupiter écouta ses vœux et exauça son désir.
En effet, par un caprice du hasard il se tint à l’écart
De ses compagnons et marcha à l’aventure.
Peut-être lassé de leur bavardage Corinthien ;
Il franchissait les collines désertes


  • En anglais : Mulciber.