Page:Keats - Poèmes et Poésies, trad. Gallimard, 1910.djvu/347

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Le cou fangeux d’un serpent, dont la langue acérée
Pendait hors de la gorge ; les anneaux s’étaient déroulés
Dans la mort ; c’était pour le punir de n’avoir pu darder
Son poison dans les yeux de Jupiter vainqueur.
Contre lui, Cottus ; tout de son long étalé, le menton soulevé en avant,
Comme plongé dans la douleur, sans relâche sur le gravier
Il s’écorchait cruellement le crâne, la bouche ouverte
Et les yeux dilatés par cet horrible travail. Plus près de lui
Asia, née de la gigantesque montagne de Caf,
Qui coûta à sa mère Tellus des angoisses plus cruelles,
Quoiqu’elle fût femme, qu’aucun de ses fils.
Il y avait plus de pensée que de tristesse dans sa face ambrée,
Parce qu’elle prévoyait sa propre gloire ;
Et que dans sa vaste imagination se dressaient
Des temples à l’ombre des palmiers et de hauts sanctuaires rivaux,
Sur les rives de l’Oxus ou dans les îles sacrées du Gange.
De même que l’Espérance s’appuie sur son ancre,
De même s’appuyait-elle, moins belle, sur une défense
Enlevée au plus grand de ses éléphants.
Au-dessus d’elle, sur le flanc inhospitalier d’une roche,
Dressé sur son coude, le reste du corps étendu,
Etait abrité Encelade, autrefois pacifique et paisible
Comme un bœuf paissant en liberté dans les prairies ;