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Page:Kellec - A Lesbos, 1891.djvu/127

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À LESBOS

La chaîne qui unit la femme à l’homme, qu’elle soit légitime ou illégale, n’en est pas moins lourde à porter.

Andrée écoutait avec intérêt une théorie qui répondait si bien à ses aspirations secrètes.

Jacqueline continua :

— Une femme, ayant le courage de se placer en dehors des coutumes et des préjugés habituels, a le droit de chercher à aimer, à protéger des êtres faibles dont elle devient le soutien.

— N’est-ce point là qu’un simple changement de chaîne ? demanda mademoiselle Fernez.

— Notre domination sera toujours plus douce que celle de l’homme.

Andrée hochait la tête ; la duchesse, avec ses façons cavalières, n’était-elle pas la preuve du contraire ?

— Que croyez-vous ? interrogea à son tour Jacqueline.

— Nous naissons avec des tendances que les circonstances de l’existence étouffent, ou rendent plus vivaces.

— La nature, selon vous, peut commettre des erreurs ?

— Que sais-je ?

— Peut-être avez-vous raison ; quoiqu’il en soit, ne devenez jamais la proie d’un homme.