Page:Kempis - De l’Imitation de Jésus-Christ, traduction Brignon, Bruyset, 1718.djvu/135

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ver autre chose que des Croix en cette vie, qui est toute pleine de souffrances.

Plus un homme fait de progrès dans la perfection, plus les croix s’augmentent, parce que l’amour lui fait sentir davantage la misere de son exil.

Cependant quelque excessive que soit la peine, elle n’est pas sans consolation. Car elle est fort adoucie par l’experience qu’il a qu’en souffrant beaucoup, il profite aussi beaucoup.

Sa resignation entre les mains du Seigneur, qui l’éprouve de cette sorte, lui donne une merveilleuse confiance en la divine Bonté.

De plus, à mesure que la chair s’affoiblit par la mortification, l’esprit se fortifie par la grace.

Et il arrive quelquefois qu’un homme, qui pour imiter Jesus crucifié, s’attache de tout son cœur à a Croix, se sent tant de force & de courage qu’il ne voudroit pas vivre sans douleur ; parce qu’il sçait que jamais il n’est plus agréable à Dieu, & que Dieu ne l’aime jamais davantage, que lorsqu’il a beaucoup à souffrir pour l’amour de lui.

Ce n’est point la vertu de l’homme qui fait cela ; c’est la grace du Sauveur qui anime tellement une chair fragile, que ce qu’elle abhorre