Page:Kempis - De l’Imitation de Jésus-Christ, traduction Brignon, Bruyset, 1718.djvu/148

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cessé de parler à tout le monde : mais plusieurs se rendent sourds à ma voix.

Ils écoutent plus volontiers le monde que Dieu, & paroissent beaucoup plus ardens à satisfaire leur sensualité, qu’à faire la volonté du Seigneur.

Le monde promet des biens fort petits, & de fort peu de durée : j’en promets de grands & d’éternels ; & cependant on s’empresse à le servir ; & on n’a pour moi que de la froideur.

Qui est ce qui fait paroître autant de zéle pour mon service, qu’on a d’affection & d’attachement pour les Grands du monde ?

Sidon, rougissez de honte, dit la mer ; & si vous en demandez le sujet, le voici.

Pour un petit benefice on entreprend de long voyages ; & pour la vie eternelle, à peine veut-on faire un pas.

On court après une apparence de gain ; une bagatelle est le sujet d’un long procès pour une chose de rien, pour un leger interêt, on ne craint point de suer jour & nuit.

Mais avoüez à vôtre confusion, qu’il n’y a point de travail, pour leger qu’il soit, que vous ne trouviez insupportables, lorsqu’il s’agit d’acquerir un bien qui ne change point,