Page:Kempis - De l’Imitation de Jésus-Christ, traduction Brignon, Bruyset, 1718.djvu/156

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L’amour de Jesus est genéreux : il inspire à l’ame de grands desseins, des desirs ardens de la perfection.

Il le porte naturellement en haut, & ne sçauroit s’attacher à rien de vil & de bas.

Il veut être entierement dégagé de toute affection terrestrez afin que jamais ni la passion ne l’aveugle, ni le desir trop ardent de quelque avantage temporel ne l’inquiette, ni la crainte immoderée de quelque peine ne l’abbatte.

Ce divin amour est la chose du monde la plus douce, la plus forte, la plus élevée, la plus étenduë, la plus agréable ; le Ciel & la terre n’ont rien de plus riche, ni de meilleur.

Aussi est-il la plus noble production de l’Esprit de Dieu ; & c’est dans Dieu, comme dans son centre, qu’il se repose.

Celui qui aime, ne sçait ce que c’est que tristesse & que contrainte. Il court, il voir ; & rien ne l’arrête.

Il donne tout pour avoir tout : il possede tout en celui qui est toutes choses, & au-dessus de toutes choses, comme étant l’auteur & la source de tout bien.

Il a moins d’égard au bien qu’il reçoit, qu’à la personne dont il le reçoit, qui lui est plus chere que tous les tresors du monde.

L’amour ne veut point qu’on lui