Page:Kempis - De l’Imitation de Jésus-Christ, traduction Brignon, Bruyset, 1718.djvu/212

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tredit ; ni que vôtre bonheur soit parfait lorsque toutes choses réüssissent comme vous le souhaitez.

Ne vous imaginez pas non plus être fort vertueux & cheri de Dieu, lorsque vôtre ame est remplie d’une devotion tendre & sensible : car ce n’est point à cette marque que l’on connoît ceux qui aiment vraiment la vertu, ni en cela que consiste le progrès & la perfection de l’homme.

Le Disciple.

En quoi donc, Seigneur, les faites-vous consister ?

Le Maistre.

A vous résigner entierement à ma volonté, à ne point chercher vos interêts propres, ni dans les petites choses, ni dans les grandes, ni pour le tems, ni pour l’éternité : à regarder de même œil les biens & les maux de cette vie ; à recevoir indifferemment tout ce qui vous peut arriver d’agréable ou de fâcheux, & à m’en rendre d’égales actions de graces.

Si vous avez assez de courage, & une assez ferme confiance en moi, pour renoncer à toute sorte de consolation, pour vous offrir même à de plus grandes souffrances, pour ne vous plaindre jamais des croix que je vous envoye, pour vous persuader au contraire que je ne fais rien que de bien, & pour louer en tout ma justice ; soyez sûr que vous mar-