Page:Kempis - De l’Imitation de Jésus-Christ, traduction Brignon, Bruyset, 1718.djvu/226

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trouve où me reposer ?[1]

Qu’y a-t-il de plus tranquille qu’un homme dont l’œil est simple & l’intention pure ? & peut-on être plus libre que celui qui ne desire rien sur la terre ?

Il faut donc se mettre audessus de toutes les créatures ; il faut avoir une entiere abnégation de soi-même, & un parfait dégagement des choses sensibles ; il faut croire que vous êtes, ô mon Dieu, le Créateur de l’Univers, & qu’il n’y a rien de semblable à vous dans tous vos ouvrages.

Ainsi quiconque n’est pas tout-à-fait détaché du monde, ne peut contempler les choses divines.

De-là vient que comme il est rare de trouver des gens parfaitement morts à tout ce qu’il y a de perissable & de créé : il se trouve aussi très-peu de contemplatifs.

Pour arriver à un haut degré de contemplation, il faut une grace puissante, qui éleve l’ame fort au dessus d’elle-même.

Si donc un homme n’a pas encore rompu toutes ses attaches : s’il n’est pas encore fort spirituel, ni en état de s’unir intimement avec Dieu, tout ce qu’il sçait, & tout ce qu’il a acquis de vertu, est tres peu de chose.

C’est une marque de petitesse d’esprit, & qu’on n’a que des idées bas-

  1. Psal. 36. 4.