Page:Kempis - De l’Imitation de Jésus-Christ, traduction Brignon, Bruyset, 1718.djvu/261

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térieur, & vous verrez que ce qui y regne davantage, c’est l’esprit du monde, c’est un vain desir de plaire aux hommes beaucoup plus qu’à moi.

Car cette crainte excessive de l’humiliation, & cette honte d’être repris de vos désordres, montrent bien que vous n’êtes, ni vraiment humble, ni tout à fait mort au monde, & qu’à vôtre égard le monde n’est pas encore crucifié.

Mais écoutez ma parole ; & quelque chose qu’on vous puisse dire, vous n’en serez nullement émû.

Quand on diroit contre vous tout ce que l’envie, & la malice la plus noire peuvent inventer de plus injurieux, en quoi tout cela vous pourroit-il nuire, si vous le laissiez passer, & que vous n’en fissiez point d’état ? en perdriez-vous seulement un de vos cheveux ?

Mais un homme qui a le cœur éloigné de moi, & qui ne sçait ce que c’est que la vie intérieure, se trouble aisément pour une legere réprimande.

Au contraire, celui qui met sa confiance en moi, & qui ne se conduit point par son propre sens, ne craindra personne.

Car il sçait bien que je suis son Juge, qu’il n’y a rien de secret pour moi ; que je ne puis ignorer com-