Page:Kempis - De l’Imitation de Jésus-Christ, traduction Brignon, Bruyset, 1718.djvu/262

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ment la chose s’est passée, & que je connois également celui qui a fait l’injure, & celui qui l’a reçûë.

Il est persuadé que c’est moi, qui lui ai fait naître cette occasion de souffrir, & que j’ai permis qu’elle arrivât ; afin que plusieurs fissent voir ce qu’ils pensoient[1] de ma Providence.

Un jour viendra que je jugerai devant tout le monde, le coupable & l’indolent : mais par un jugement secret, j’ai voulu avant ce tems-là les éprouver l’un & l’autre.

Le témoignage des hommes est souvent trompeur : mais mon jugement est toûjours seur ; il subsistera toûjours, & rien ne le détruira.

Il est ordinairement caché, & peu de gens sont capables de le penetrer : il n’est pourtant jamais faux, ni ne le peut être : quoi que les aveugles volontaires & les insensez y trouvent souvent à redire.

C’est donc à moi qu’il faut s’adresser ; c’est moi qu’on doit consulter, pour pouvoir juger saintement des choses ; & l’on ne sçauroit trop se défier de son propre jugement.

Le juste n’aura jamais de chagrin, quelque mortification que Dieu lui envoye[2], & quoi qu’on parle mal de lui, il ne s’en mettra guére en peine.

Il n’aura point trop de joye non

  1. Luc. 2. 25.
  2. Prov. 12. 21.