Page:Kempis - De l’Imitation de Jésus-Christ, traduction Brignon, Bruyset, 1718.djvu/282

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ignorantes : mais éclairez moi l’esprit, afin que je juge sainement des choses, soit materielles, soit spirituelles, & que je tâche sur tout de connoître ce que vous desirez de moi.

Les hommes qui jugent de tout sur le témoignage des sens, sont sujets à se tromper : mais ceux qui s’abusent le plus souvent, sont ceux qui accoûtumez à se gouverner par l’esprit & selon les loix du monde, n’aiment ni ne cherchent que les biens visibles.

Un homme pour avoir l’estime d’un autre homme, en est-il meilleur ?

Les loüanges que donne un superbe à un superbe, un aveugle à un aveugle, un malade à un malade, sont de pures flatteries, & elles devroient certainement leur causer moins de vanité que de confusion.

Car, comme disoit l’humble saint François, nul n’est vraiment grand, qu’autant qu’il l’est aux yeux du Seigneur.


CHAPITRE LI.
Qu’il faut s’occuper à des exercices humbles & abjets, lorsqu’on se sent incapable des plus élevez.
Le Maistre.

Mon fils, vous ne pouvez. demeurer long-tems dans une extrême ferveur, ni être toûjours