Nous voudrions bien être exempts de toute misere : mais il n’y a plus pour nous ici-bas de solide contentement, depuis que par le peché nous avons perdu l’innocence.
Il faut donc souffrir, & attendre en patience la misericorde de Dieu ; jusqu’à ce que le peché cesse de regner en nous, & que ce que nous avons de mortel, soit comme absorbé par la vie[1].
O que la fragilité de l’homme est grande ! & que naturellement il a de penchant pour le vice !
Un jour vous vous confessez, & le lendemain vous retombez dans les mêmes fautes.
A peine avez-vous formé le dessein de vous amender, qu’un moment après vous oubliez vôtre résolution.
Nous avons donc grand sujet de ne pas nous en orgueillir, étant si fragiles & si inconstans.
On peut bien-tôt perdre par sa negligence, ce qu’on a acquis par un long travail, avec le secours de la grace.
Où en ferons-nous à la fin, si nous commençons de si bonne heure à nous relâcher ?
Malheur à nous, qui cherchons déja à nous reposer, comme si tout étoit en paix, comme si nous n’avions plus rien à craindre ; quoique
- ↑ 2. Corinth. 5. 4