Page:Kempis - L Imitation de Jesus Christ, traduction Lammenais, edition Pages, 1890.djvu/120

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Mais si Jésus se cache et les délaisse un moment, ils tombent dans le murmure, ou dans un excessif abattement.

2. Mais ceux qui aiment Jésus pour Jésus, et non pour eux-mêmes, le bénissent dans toutes les tribulations et dans les consolations et dans l’angoisse du cœur, comme dans les consolations les plus douces.

Et quand il ne voudrait jamais les consoler, toujours cependant ils le loueraient, toujours ils lui rendraient grâces.

3. Oh ! que ne peut l’amour de Jésus, quand il est pur et sans aucun mélange d’amour ni d’intérêt propre !

Ne sont-ce pas des mercenaires, ceux qui cherchent toujours des consolations ?

Ne prouvent-ils pas qu’ils s’aiment eux-mêmes plus que Jésus-Christ, ceux qui pensent toujours à leur gain et à leurs avantages ?

Où trouvera-t-on quelqu’un qui veuille servir Dieu pour Dieu seul ?

4. Rarement on rencontre un homme assez avancé dans les voies spirituelles pour être dépouillé de tout.

Car le véritable pauvre d’esprit, détaché de toute créature, qui le trouvera ? Il faut le chercher bien loin, et jusqu’aux extrémités de la terre[1].

Si l’homme donne tout ce qu’il possède, ce n’est encore rien[2].

S’il fait une grande pénitence, c’est peu encore.

Et s’il embrasse toutes les sciences, il est encore loin.

Et s’il a une grande vertu et une piété fervente, il lui manque encore beaucoup, il lui manque une chose souverainement nécessaire.

Qu’est-ce donc ? C’est qu’après avoir tout quitté, il se quitte aussi lui-même, et se dépouille entièrement de l’amour de soi.

C’est, enfin, qu’après avoir fait tout ce qu’il sait devoir faire, il pense encore n’avoir rien fait.

  1. Prov. xxxi, 18.
  2. Cant. viii, 7.