Page:Kempis - L Imitation de Jesus Christ, traduction Lammenais, edition Pages, 1890.djvu/125

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Ce n’est point là la vertu de l’homme, mais la grâce de Jésus-Christ, qui opère si puissamment dans une chair infirme, que tout ce qu’elle abhorre et fuit naturellement, elle l’embrasse et l’aime par la ferveur de l’esprit.

9. Il n’est pas selon l’homme de porter la Croix, d’aimer la Croix, de châtier le corps, de le réduire en servitude, de fuir les honneurs, de souffrir volontiers les outrages, de se mépriser soi-même et de souhaiter d’être méprisé, de supporter les afflictions et les pertes, et de ne désirer aucune prospérité dans ce monde.

Si vous ne regardez que vous, vous ne pouvez rien de tout cela.

Mais si vous vous confiez dans le Seigneur, la force vous sera donnée d’en haut, et vous aurez pouvoir sur la chair et le monde.

Vous ne craindrez pas même le démon, votre ennemi, si vous êtes armé de la foi et marqué de la Croix de Jésus Christ.

10. Disposez-vous donc, comme un bon et fidèle serviteur de Jésus-Christ, à porter courageusement la Croix de votre maître, crucifié par amour pour vous.

Préparez-vous à souffrir mille adversités, mille traverses dans cette misérable vie : car voilà partout ce qui vous attend, ce que vous trouverez partout, en quelque lieu que vous vous cachiez.

Il faut qu’il en soit ainsi : et à cette foule de maux et de douleurs, il n’y a d’autre remède que de vous supporter vous-même.

Buvez avec joie le calice du Sauveur, si son amour vous est cher et si vous désirez avoir part à sa gloire.

Laissez Dieu disposer de ses consolations : qu’il les répande comme il lui plaira.

Pour vous, choisissez les souffrances, et regardez-les comme des consolations d’un grand prix : car toutes les souffrances du temps n’ont aucune proportion avec la