Page:Kempis - L Imitation de Jesus Christ, traduction Lammenais, edition Pages, 1890.djvu/161

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Quand on ne se soumet pas volontairement et de bon cœur à son supérieur, c’est une marque que la chair n’est pas encore pleinement assujettie, mais que souvent elle murmure et se révolte.

Apprenez donc à obéir avec promptitude à vos supérieurs, si vous désirez dompter votre chair.

Car l’ennemi du dehors est bien plus vite vaincu, quand l’homme n’a pas la guerre au dedans de soi.

L’ennemi le plus terrible et le plus dangereux pour votre âme, c’est vous, lorsque vous êtes divisé en vous-même.

Il faut que vous appreniez à vous mépriser sincèrement, si vous voulez triompher de la chair et du sang.

L’amour désordonné que vous avez encore pour vous-même, voilà ce qui vous fait craindre de vous abandonner sans réserve à la volonté des autres.

2. Est-ce donc cependant un si grand effort, que toi, poussière et néant, tu te soumettes à l’homme à cause de Dieu ; lorsque moi, le Tout-Puissant, moi le Très-Haut, qui ai tout fait de rien, je me suis soumis humblement à l’homme à cause de toi ?

Je me suis fait le plus humble et le dernier de tous, afin que mon humilité t’apprît à vaincre ton orgueil.

Poussière, apprends à obéir : apprends à t’humilier, terre et limon, à t’abaisser sous les pieds de tout le monde.

Apprends à briser ta volonté, et à ne refuser aucune dépendance.

3. Enflamme-toi de zèle contre toi-même, et ne souffre pas que le moindre orgueil vive en toi ; mais fais-toi si petit, et mets-toi si bas, que tout le monde puisse marcher sur toi et te fouler aux pieds comme la boue des places publiques.

Fils du néant, qu’as-tu à te plaindre ? Pécheur couvert d’ignominie, qu’as-tu à répondre, quelque reproche qu’on t’adresse, toi qui as tant de fois offensé Dieu, tant de fois mérité l’enfer ?