Page:Kempis - L Imitation de Jesus Christ, traduction Lammenais, edition Pages, 1890.djvu/201

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de s’affliger de choses futures qui n’arriveront peut-être jamais ?

3. C’est une suite de la misère humaine d’être le jouet de ces imaginations, et la marque d’une âme encore faible de céder si aisément aux suggestions de l’ennemi.

Car peu lui importe de nous séduire et de nous tromper par des objets réels ou par de fausses images ; et de nous vaincre par l’amour des biens présents ou par la crainte des maux à venir.

Que votre cœur donc ne se trouble point et ne craigne point.

Croyez en moi, et confiez-vous en ma miséricorde[1].

Quand vous croyez être loin de moi, souvent c’est alors que je suis le plus près de vous.

Lorsque vous croyez tout perdu, ce n’est souvent que l’occasion d’un plus grand mérite.

Tout n’est pas perdu, quand le succès ne répond pas à vos désirs.

Vous ne devez pas juger selon le sentiment présent, ni vous abandonner à aucune affliction, quelle qu’en soit la cause, et vous y enfoncer, comme s’il ne vous restait nulle espérance d’en sortir.

4. Ne pensez pas que je vous aie tout à fait délaissé, lorsque je vous afflige pour un temps ; ou que je vous retire mes consolations : car c’est ainsi qu’on parvient au royaume des cieux.

Et certes il vaut mieux pour vous et pour tous mes serviteurs être exercé par des traverses, que de n’éprouver jamais aucune contrariété.

Je connais le secret de votre cœur, et je sais qu’il est utile pour votre salut que vous soyez quelquefois dans la sécheresse, de crainte qu’une ferveur continue ne vous porte à la présomption, et que, par une vaine complaisance en vous-même, vous ne vous imaginiez être ce que vous n’êtes pas.

  1. Joann. xiv, I, 27.