Page:Kempis - L Imitation de Jesus Christ, traduction Lammenais, edition Pages, 1890.djvu/222

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vous souveniez de lui ? Et qu’est-ce que le fils de l’homme, pour que vous le visitiez ?[1]

Par où l’homme a-t-il pu mériter votre grâce ?

De quoi, Seigneur, puis-je me plaindre si vous me délaissez ? Et qu’ai-je à dire si vous ne faites pas ce que je demande ?

Je ne puis, certes, penser et dire avec vérité que ceci Seigneur, je ne suis rien, je ne peux rien, de moi-même je n’ai rien de bon, je sens ma faiblesse en tout, et tout m’incline vers le néant.

Si vous ne m’aidez et ne me fortifiez intérieurement, aussitôt je tombe dans la tiédeur et le relâchement.

2. Mais vous, Seigneur, vous êtes toujours le même[2], et vous demeurez éternellement bon, juste et saint, faisant tout avec bonté, avec justice, avec sainteté, et disposant tout avec sagesse.

Pour moi, qui ai plus de penchant à m’éloigner du bien qu’à m’en approcher, je ne demeure pas longtemps dans un même état, et je change sept fois le jour.

Cependant je suis moins faible dès que vous le voulez, dès que vous me tendez une main secourable : car vous pouvez seul, sans l’aide de personne, me secourir et m’affermir de telle sorte, que je ne sois plus sujet à tous ces changements, et que mon cœur se tourne vers vous seul et s’y repose à jamais.

3. Si donc je savais rejeter toute consolation humaine, soit pour acquérir la ferveur, soit à cause de la nécessité qui me presse de vous chercher, ne trouvant point d’homme qui me console ; alors je pourrais tout espérer de votre grâce, et me réjouir de nouveau dans les consolations que je recevrais de vous.

4. Grâces vous soient rendues, à vous de qui découle tout ce qui m’arrive de bien.

Pour moi, je ne suis devant vous que vanité et néant, qu’un homme inconstant et fragile.

  1. Ps. viii, 5.
  2. Ps. ci, 28.