Page:Kempis - L Imitation de Jesus Christ, traduction Lammenais, edition Pages, 1890.djvu/223

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

De quoi donc puis-je me glorifier ? Comment puis-je désirer qu’on m’estime ?

Serait-ce à cause de mon néant ? mais quoi de plus insensé !

Certes, la vaine gloire est la plus grande des vanités, et un mal terrible, puisqu’elle nous éloigne de la véritable gloire, et nous dépouille de la grâce céleste.

Car, dès que l’homme se complaît en lui-même, il commence à vous déplaire ; et lorsqu’il aspire aux louanges humaines, il perd la vraie vertu.

5. La vraie gloire et la joie sainte est de se glorifier en vous, et non pas en soi ; de se réjouir de votre grandeur, et non de sa propre vertu ; de ne trouver de plaisir en nulle créature qu’à cause de vous.

Que votre nom soit loué et non le mien, qu’on exalte vos œuvres et non les miennes ; que votre saint nom soit béni, et qu’il ne me revienne rien des louanges des hommes.

Vous êtes ma gloire et la joie de mon cœur.

En vous je me glorifierai, je me réjouirai sans cesse en vous et non pas en moi, si ce n’est dans mes infirmités[1].

6. Que les Juifs recherchent la gloire qu’on reçoit les uns des autres[2] : pour moi, je ne rechercherai que celle qui vient de Dieu seul[3].

Car toute gloire humaine, tout honneur du temps, toute grandeur de ce monde, comparée à votre gloire éternelle, est folie et vanité.

O ma vérité, ma miséricorde, ô mon Dieu ! Trinité bien heureuse !’à vous seule louange, honneur, gloire, puissance dans les siècles des siècles !

RÉFLEXION.

Si je descends en moi-même, et que je m’interroge sur ce que je suis, que trouvé-je, ô mon Dieu ! Une raison incertaine toujours près de s’égarer, d’inconstantes affections, un mélange inexplicable d’espérances et de craintes vaines, des inclinations viciées, une foule innombrable de désirs qui sans cesse m’agitent et me tourmentent,

  1. II Cor. xii, 5.
  2. Joann. v, 44.
  3. Joann. v, 44.