Page:Kempis - L Imitation de Jesus Christ, traduction Lammenais, edition Pages, 1890.djvu/235

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Écoutez ma parole, et vous vous inquiéterez peu de toutes les paroles des hommes.

Quand on dirait contre vous tout ce que peut inventer la plus noire malice, en quoi cela vous nuirait-il, si vous le laissez passer comme la paille que le vent emporte ? En perdriez-vous un seul cheveu ?

3. Celui dont le cœur n’est pas renfermé en lui-même, et qui n’a pas Dieu toujours présent, s’émeut aisément d’une parole de blâme.

Mais celui qui se confie en moi et qui ne s’appuie pas sur son propre jugement, ne craindra rien des hommes.

Car c’est moi qui connais et qui juge ce qui est secret ; je sais la vérité de toute chose, qui a fait l’injure et qui la souffre.

Cette parole, elle est venue de moi ; cet événement, je l’ai permis, afin que ce qu’il y a de caché dans beaucoup de cœurs fût révélé[1].

Je jugerai l’innocent et le coupable ; mais, par un secret jugement, j’ai voulu auparavant éprouver l’un et l’autre.

4. Le témoignage des hommes trompe souvent ; mais mon jugement est vrai : il subsistera et ne sera point ébranlé.

Le plus souvent il est caché, et peu de personnes le découvrent en chaque chose : cependant il n’erre jamais, et ne peut errer, quoiqu’il ne paraisse pas toujours juste aux yeux des insensés.

C’est donc à moi qu’il faut remettre le jugement de tout, sans jamais s’en rapporter à son propre sens.

Le juste ne sera point troublé, quoi qu’il lui arrive par l’ordre de Dieu[2]. Il lui importera peu qu’on l’accuse injustement.

Et si d’autres le défendent et réussissent à le justifier, il n’en concevra pas non plus une vaine joie.

Car il se souvient que c’est moi qui sonde les cœurs et les

  1. Luc. ii, 35.
  2. Prov. x, 21.