Page:Kempis - L Imitation de Jesus Christ, traduction Lammenais, edition Pages, 1890.djvu/319

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saints, parce que je suis saint, moi le Seigneur votre Dieu[1].

8. Que votre grâce nous aide, ô Dieu tout-puissant ! nous qui avons été revêtus du sacerdoce, afin que nous puissions vous servir dignement, avec une vraie piété et une conscience pure.

Et si nous ne pouvons vivre dans une innocence aussi parfaite que nous le devrions, accordez-nous du moins de pleurer sincèrement nos fautes, et de former, en esprit d’humilité, la ferme résolution de vous servir désormais avec plus de ferveur.

RÉFLEXION.

Qu’est-ce que la terre ? Un lieu d’exil, une vallée de larmes, comme l’appelle l’Église. L’homme y cherche dans les ténèbres la vérité, qui est la vie de son intelligence ; il y cherche, au milieu de maux sans nombre, un bien, il ne sait quel bien, immense, inépuisable, éternel, qui est la vie de son cœur : et tout ce qu’il cherche lui échappe. Le doute, l’opinion, l’erreur fatiguent sa raison épuisée. Ce qu’il a cru des biens se change en amertume. Il trouve au fond de tout le vide et l’ennui. Est-il seul, son âme retombe avec douleur sur elle-même : il a besoin de support, et malheur à lui s’il met sa confiance dans les autres hommes ! Ils se masquent pour le surprendre, ils profanent pour le tromper le nom d’ami : tandis que leur bouche lui sourit, ils lui tendent des pièges dans l’ombre, et quand, à force de ruses, de mensonges et de basses noirceurs, ils l’ont enveloppé de leurs rets, tout à coup, se dévoilant, ils se ruent sur lui et le dévorent comme l’hyène dévore sa proie. Lamentable condition ! Mais Dieu n’a pas abandonné sa pauvre créature dans ces extrémités de la misère. Il l’éclaire par sa parole, il la soutient par sa grâce, il l’anime, il la console par la foi d’une vie meilleure, par l’espérance de posséder, après ces jours d’épreuve, le bien auquel elle aspire, le bien infini, qui est lui-même. Et ses dons merveilleux d’un amour inénarrable, rassemblés, concentrés, en quelque sorte, dans la divine Eucharistie, y sont offerts à nos désirs sans autre mesure que ces désirs mêmes. Toutes les fois que nous approchons de cet auguste Sacrement, nous recevons en nous la Sagesse, la Lumière incréée, le Verbe de Dieu, la Parole vivante ; nous recevons l’Auteur de la grâce, le Consommateur de la foi, le gage immortel de notre espérance : la chair crucifiée pour nous s’incorpore à notre

  1. Lev. xix, 2 ; xx, 7.