Page:Kempis - L Imitation de Jesus Christ, traduction Lammenais, edition Pages, 1890.djvu/322

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Parlez peu, retirez-vous dans un lieu secret, et jouissez de votre Dieu.

Car vous possédez celui que le monde entier ne peut vous ravir.

Je suis celui à qui vous vous devez donner sans réserve ; de sorte que, dégagé de toute inquiétude, vous ne viviez plus en vous, mais en moi.

RÉFLEXION.

La préparation à la Pâque nouvelle comprend deux choses : il faut purifier le Cénacle, il faut l’orner ; c’est-à-dire que, pour recevoir dignement le corps et le sang de Jésus-Christ, l’âme doit être avant tout exempte de souillures, elle doit avoir été lavée dans les eaux de la pénitence, et ensuite s’être exercée à la pratique des vertus, qui la rendent agréable à Dieu. Ce qui plaît au Seigneur, ce qui attire ses grâces, c’est une profonde humilité[1], un souverain mépris de soi-même, une foi vive, un abandon parfait à ses volontés, le détachement de la terre et le désir des biens célestes, la charité qui est douce, patiente, qui n’est point jalouse, qui n’agit point témérairement, qui ne s’enfle point d’orgueil, qui n’est point ambitieuse, qui ne cherche point ses intérêts, qui ne s’aigrit de rien, ne soupçonne point le mal, ne se réjouit point de l’injustice, mais se réjouit de la vérité ; qui souffre tout, croit tout, espère tout, supporte tout[2] : charité vraiment divine, et, selon la doctrine du grand Apôtre, préférable à tout ce qu’il y a de plus élevé. Quand je parlerais toutes les langues des hommes et le langage des Anges, si je n’ai point la charité, je suis comme un airain sonnant, ou une cymbale retentissante. Et quand j’aurais le don de prophétie, quand je pénétrerais tous les mystères, et que je posséderais toute science, quand j’aurais la foi parfaite jusqu’à transporter les montagnes, si je n’ai point la charité, je ne suis rien. Et quand j’aurais distribué tous mes biens pour nourrir les pauvres, et livré mon corps aux flammes, si je n’ai point la charité, tout cela ne me sert de rien[3]. Ame chrétienne, qui aspirez au banquet nuptial, imitez donc les Vierges sages ; prenez de l’huile, allumez votre lampe, pour aller au-devant de l’Époux[4], car celles dont les lampes seront éteintes, entendront cette parole terrible : En vérité, je ne vous connais point[5].

  1. I Petr. v, 5.
  2. I Cor. xiii, 4-7.
  3. I Cor. xiii, 1-3.
  4. Luc. xxv, 4 et seq.
  5. Luc. xxv, 12.