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dempteur, ne sont plus qu’une expiation nécessaire, une épreuve de justice et de miséricorde, une semence d’éternelles joies. Le Christ, en mourant, a ouvert le ciel à l’homme déchu, qui, pour unique grâce, demandait à la terre un tombeau[1]. Et nous nous plaindrions des souffrances auxquelles Dieu réserve un tel prix ! Et le murmure serait sur nos lèvres, lorsque, par les tribulations, Jésus-Christ daigne nous associer aux mérites de son sacrifice ! C’en est fait, Seigneur, je reconnais mon aveuglement, mon ingratitude, et je ne veux plus désirer ici-bas que d’avoir part à votre passion, afin de participer un jour à votre gloire.


CHAPITRE XXIII.

DE LA MÉDITATION DE LA MORT.

1. C’en sera fait de vous bien vite ici-bas : voyez donc en quel état vous êtes.

L’homme est aujourd’hui, et demain il a disparu ; et quand il n’est plus sous les yeux, il passe bien vite de l’esprit.

O stupidité et dureté du cœur humain, qui ne pense qu’au présent et ne prévoit pas l’avenir.

Dans toutes vos actions, dans toutes vos pensées, vous devriez être tel que vous seriez s’il vous fallait mourir aujourd’hui.

Si vous aviez une bonne conscience, vous craindriez peu la mort.

Il vaudrait mieux éviter le péché que fuir la mort.

Si aujourd’hui vous n’êtes pas prêt, comment le serez vous demain ?

Demain est un jour incertain : et que savez-vous si vous aurez un lendemain ?

2. Que sert de vivre longtemps, puisque nous nous corrigeons si peu ?

Ah ! une longue vie ne corrige pas toujours ; souvent plutôt elle augmente nos crimes.

  1. Job, iii, 21, 22.