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nombreux visiteurs, entre autres, M. le général d’Hédouville, commandant alors à Rennes. Il avait autrefois fait partie de la maison du Roi ; il appartenait à une famille aristocratique, dont il avait conservé les manières et en partie les sentiments, bien qu’il eût embrassé la cause de la Révolution.

Le voyant renouveler fréquemment ses visites à la prison et apporter une parfaite courtoisie dans ses rapports, ces Dames le recevaient avec plaisir.

Étant venu un jour à la Tour-le-Bât avec un de ses amis, qui ne partageait pas entièrement ses opinions républicaines, la conversation, devenue plus libre et plus animée qu’à l’ordinaire, tomba sur le séjour de Mme Le Gris à la tour du Temple. Elle raconta ses rapports avec Mme Tallien et de Beauharnais, qui, nonobstant leurs liens avec les révolutionnaires du temps, ne craignaient pas d’aller prendre le thé avec elle.

M. le général d’Hédouville, par politesse, se crut obligé de les louer, en souriant, de leur courageuse bienveillance.

Mme Le Gris lui dit alors, sur le même ton : — Ces Dames, en effet, étaient beaucoup plus braves que beaucoup d’hommes, qui, en pareil cas, n’oseraient en faire autant.

Comprenant l’allusion, il se récria : quant à lui,