Page:Kerigant - Les Chouans - Épisodes des guerres de l’Ouest dans les Côtes-du-Nord, 1882.djvu/170

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Le ton d’assurance de mon oncle et sa loyauté bien connue ayant persuadé l’officier commandant que le fugitif avait passé outre, il partit immédiatement avec son monde pour tâcher de retrouver ses traces. Pour moi, je fus tellement saisi qu’aussitôt la troupe absente, j’éprouvai une sorte de défaillance, suivie de la fièvre, et j’expliquai à grande peine la curieuse aventure.

Quant à mon père, après avoir pris un peu de repos, de la nourriture et du vin, dans un pavillon du jardin, il retourna à Kerigant, où, le lendemain, il n’eût pas été prudent à la colonne de s’aventurer.

Voilà donc la guerre civile recommencée ! Par la faute de qui ? Par l’imprudence des uns et le manque de sang-froid des autres. Les historiens en chambre, que Paris tient toujours en réserve pour tous les événements, ont écrit et répété que les soulèvements de l’Ouest n’avaient eu lieu, en grande partie, qu’après la funeste et terrible bataille de Waterloo[1], et, naturellement, ils ont traité les royalistes d’insurgés, ils ont applaudi à la trahison de l’infortuné maréchal Ney. Ce qui précède prouve suffisamment le patriotisme de ces prétendus insurgés repoussant l’invasion d’un révolté, et dont les détracteurs étaient non-seulement

  1. La bataille de Waterloo fut livrée le 18 juin 1815.