Page:Kerigant - Les Chouans - Épisodes des guerres de l’Ouest dans les Côtes-du-Nord, 1882.djvu/177

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tous aguerris, fut tout-à-fait organisée, elle entra en campagne dans les premiers jours de juin. Elle fit d’abord des sorties autour de Saint-Brieuc, comme pour s’assurer du terrain et connaître la position des royalistes, qui, chaque jour, du reste, changeaient de campement, dépistant ainsi les espions de l’Autorité révolutionnaire et se procurant des vivres.

La colonne mobile occupait, le 18 juin, au matin, le bourg de Plaintel, canton de Plœuc. Les royalistes, de leur côté, étaient arrivés, la veille au soir, au château de Saint-Quihouët, même commune, à trois kilomètres environ du bourg. Presque tous les hommes valides de Plaintel se trouvant dans les rangs royalistes, et la plupart des jeunes gens de vingt ans étant réfractaires, les fédérés traitèrent la commune et le bourg en pays ennemi : ils y commirent toutes sortes d’exactions, de pillages et d’infamies. Après avoir dévalisé les maisons, insulté les femmes, qui se hâtèrent de fuir, ils s’en prirent à Dieu : ils entrèrent dans l’église et s’y livrèrent à des incongruités ignobles. Ce fut le renouvellement des scènes sacrilèges et stupides de la Terreur.

Cette colonne, rappelant les colonnes infernales de jadis, confiante dans son nombre et sachant à peu près les forces dont pouvaient disposer les royalistes, crut, dans son audace et son imprévoyance, que l’on