Page:Kerigant - Les Chouans - Épisodes des guerres de l’Ouest dans les Côtes-du-Nord, 1882.djvu/193

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l’existence des Faux-Chouans, est une lettre écrite par le général Krieg au représentant Bollet. Le général Krieg, on le sait, vieux soldat républicain, plein de franchise et d’honneur, était le conseiller et l’ami du général Hoche. Voici à présent le passage textuel de cette lettre, qui se rapporte aux Faux-Chouans :

« Ne t’étonne pas de tous les crimes dont nous sommes inondés. Les patriotes du pays crient beaucoup pour peu de chose ; ils ont tellement peur qu’il faudrait une garnison pour garder chaque maison. Le fait est que, sauf le cas de guerre, après la paix que l’on a faite contre mon gré et dont les rebelles du Morbihan ne se soucient guère plus que moi[1], il n’y a pas de leur part tous les crimes qu’on leur attribue.

» Ce sont de bons soldats et de braves gens, un peu pris de fanatisme, peut-être, mais chacun a le sien dans ce bas monde. Ils ont celui de la religion ; nous, celui de la liberté. Ce qui fait le mal dans ces contrées, ce sont les galériens qui y fourmillent et dont on a fait de véritables Chouans de contrebande. Hoche, pour son honneur, nous en débarrassera, j’espère ; mais il est temps d’arrêter les brigandages dont les rebelles ne sont pas plus dupes que les administrateurs. On les appelle les Faux-Chouans.

» Au langage et à la tenue, ils sont si reconnais-

  1. Ce passage de la lettre du général Krieg confirme ce que j’ai dit sur les Chouans intransigeants et sur le personnel de la Chouannerie.