Page:Kerigant - Les Chouans - Épisodes des guerres de l’Ouest dans les Côtes-du-Nord, 1882.djvu/35

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pagné de sa pupille, ayant donné lieu à des propos injurieux, les deux amants résolurent d’y mettre un terme en se mariant publiquement à leur paroisse. Ce projet eût été réalisé, en effet, si une infâme trahison ne s’était produite.

Le jour du mariage fut fixé, et, dans l’intention de l’accomplir chez lui, M. du Boishardy se rendit avec sa fiancée dans une pièce de terre plantée de genêts, non loin de sa demeure. Il y attendait la fin des préparatifs de la fête nuptiale, quand un traître, qui, sous le masque de la fidélité, avait accompagné tous ses pas et déjà reçu un fort à-compte[sic] sur la vie qu’il allait livrer, changea en un horrible assassinat la pieuse cérémonie qu’il était chargé d’organiser.

Le champ où les fiancés attendaient leurs amis et le moment de leur union allait être cerné par les Bleus, lorsque Boishardy, surpris et inquiet, s’avança pour connaître la cause de ce retard. Apercevant la troupe se préparant à cerner le champ, il courut aussitôt près de sa compagne et l’entraîna du côté opposé à l’ennemi. Après l’avoir confiée à deux chouans intrépides, en leur donnant rendez-vous au château de Boscenit, il put songer à se mettre en sûreté. Au moment où il franchissait un talus, il reçut une balle dans les reins. Surmontant sa dou-