Page:Kerigant - Les Chouans - Épisodes des guerres de l’Ouest dans les Côtes-du-Nord, 1882.djvu/39

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Cette réunion avait été dénoncée, évidemment, mais par des personnes heureusement étrangères aux habitudes du château.

Quand les chefs de la colonne républicaine y furent entrés, leur premier soin fut de déclarer à Mme  de Kerigant, restée seule avec deux femmes, ses enfants et un vieux serviteur, que si elle ne faisait pas connaître le lieu où étaient cachés « les brigands, »[sic] on allait la fusiller.

Ma mère, alors âgée de vingt-deux à vingt-trois ans seulement, tenait entre ses bras un de ses petits enfants et donnait la main à un autre ; elle leur répondit qu’il n’y avait personne au manoir et les invita d’ailleurs à s’en assurer.

Espérant l’intimider, ils lui arrachèrent son enfant des bras et l’attachèrent à une barrique, dans la cour, pour faire croire qu’ils allaient mettre leur menace à exécution. Mais rien ne troubla le sang-froid de Mme  de Kerigant, et elle finit par leur imposer. Ils lui demandèrent où était situé le Pavillon. Ma mère, comprenant aussitôt que la dénonciation avait été incomplète, les conduisit d’autant plus volontiers dans ce bâtiment qu’elle y demeurait et savait que personne n’y était caché. Ils le bouleversèrent de façon à le rendre inhabitable.

Pendant cette triste besogne, le bruit d’une arme