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poursuite des royalistes. Cette troupe les suivit à la trace des chevaux.

Arrivée sur le territoire de la commune de Langast, elle aperçut dans un champ voisin de la route un cheval de gendarme dont la bride était passée au bras d’un homme couché, profondément endormi et ayant ses armes près de lui. On s’en approcha prudemment, précaution presque inutile, car le dormeur était plongé dans un sommeil léthargique tel, dit M. Habasque, que l’on put presque le garrotter sans qu’il s’en aperçût. Cet homme était Duviquet ; accablé de fatigue, il avait quitté sa troupe pour prendre un repos dont sa forte nature n’aurait pas eu besoin s’il eût pu s’y livrer quelques heures auparavant. Espérant être réveillé par le mouvement du cheval, si quelqu’un s’approchait, il avait passé la bride à son bras.

Sitôt que Duviquet se fut nommé, la troupe revint à Moncontour, triomphante, comme si elle eût remporté une victoire. C’était un succès incontestable au moins, car l’homme dont elle venait de s’emparer était un chef loyal, intelligent et brave parmi les plus intrépides et les plus capables ; il honorait hautement la cause qu’il avait embrassée.

Toutefois, à la joie d’une capture si importante succéda bientôt à Moncontour la crainte d’être attaqué :