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AVANT-PROPOS.

J’ai recueilli et publié, d’après la tradition orale, les chants populaires de la Bretagne armoricaine. Encouragé par une distinction flatteuse de l’Académie française, je traduis aujourd’hui les poèmes des bardes bretons insulaires, tels que je les trouve dans des recueils déjà qualifiés d’anciens au XIIe siècle. [1]

Longtemps enfouis dans la poussière des bibliothèques, et connus seulement par le catalogue des documents gallois inédits que l’antiquaire Lhuyd fit paraître, en 1707, sous le titre d’Archœologia britannica, [2] ces manuscrits semblaient être destinés à ne jamais être imprimés, quand une pensée généreuse résolut de les mettre au jour pour la gloire du pays de Galles.

On croira peut-être qu’un aussi beau trait de patriotisme fut l’œuvre de la famille royale d’Angleterre, dont l’héritier présomptif porte le nom de prince de Galles : rien n’eût été plus naturel assurément ; les Pisistratides sauvèrent de l’oubli les poèmes d’Homère, et Chairlemagne recueillit et copia les antiques chants des Germains. Du moins pensera-t-on que cette entreprit a été exécutée par quelque descendant des anciens chefs gallois jaloux de la gloire de ses ancêtres, gloriœ majorum : par quelque lord, quelque noble, quelque gentilhomme libéral, quelque membre savant du clergé britanni-

  1. Bardi Cambrenses in eorom libris antiquis et authenticis. (Giraldus Cambrensis natus A. D. 1150. Cambriœ Descriptio, éd. de Gale, p. 885.)
  2. Antiqua Britannia lingua scriptorum quœ non imprena sunt catalogus ; Oxford, in-folio.