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a joli, il cherche les sujets les plus dramatiques, les plus sombres, les plus terribles ; vains efforts, le joli persiste, le joli domine, et jusqu’à l’appel des condamnés à mort, M. Muller peint tout joliment.

M. Muller nous montre, cette année, une scène qui prête à l’effet dramatique, une de ces scènes de violences religieuses qui font pendant au dragonnades de Louis XIV. Seulement ici, ce sont les protestants, qui sont les fanatiques persécuteurs et les catholiques sont les martyrs. Des soldats anglais embarquent les jeunes filles irlandaises pour la Jamaïque.

M. Muller a disposé ses personnages comme aurait pu le faire un habile metteur en scène disposant le tableau final d’un quatrième acte, mais on sent qu’il est sans passion, qu’il ne partage pas la foi de ses victimes de l’intolérance anglicane, qu’il ne se mêle pas à elles. Il s’est préoccupé, surtout, de peindre de jolies victimes, portant convenablement la douleur. Dans ses personnages, la douleur n’est point dans l’âme, elle s’exprime au moyen d’une mimique conventionnelle, comme le langage des sourds-muets ou celui des ballets. La main sur le cœur veut dire : je vous aime ; les deux index, placés côte à côte, signifient : je