Page:Kipling - Au hasard de la vie, trad. Varlet, 1928.djvu/156

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tomba et ne se releva pas, ces hommes lui sautèrent sur le ventre et le dépouillèrent de tout son argent, et tentèrent de mettre le feu au hangar de paye, et se retirèrent. Est-il vrai que Dearsley Sahib ne porte pas plainte de ce qu’on lui a fait ces choses-là ? Nous avions perdu connaissance de peur, et ne nous rappelons pas du tout. Il n’y avait pas de palanquin auprès du hangar. Que savons-nous des palanquins ? Est-il vrai que Dearsley Sahib ne reviendra pas ici de dix jours, à cause de son indisposition ? C’est la faute de ces méchants hommes en habit rouge, qu’on devrait punir sévèrement ; car Dearsley Sahib est notre père et notre mère, et nous l’aimons beaucoup. Mais si Dearsley Sahib ne revient pas du tout ici, nous dirons la vérité. Il y avait un palanquin, pour l’entretien duquel nous étions forcés de payer les neuf dixièmes de notre salaire mensuel. Moyennant ces exactions Dearsley Sahib nous autorisait à lui rendre hommage devant le palanquin. Que pouvions-nous faire ? nous n’étions que de pauvres gens. Il prenait une bonne moitié de notre salaire. Est-ce que le gouvernement va nous restituer cet argent ? Ces trois hommes en habits rouges prirent le palanquin sur leurs épaules et s’en allèrent. Tout l’argent que Dearsley Sahib nous avait pris était dans les coussins de ce palanquin. C’est pourquoi ils l’ont volé. Des milliers de roupies qu’il y avait… tout notre argent. C’était notre tirelire, et pour la remplir nous donnions volontiers à Dearsley Sahib trois septièmes de notre salaire mensuel. Pourquoi l’homme blanc nous regarde-t-il d’un œil désappro-