Page:Kipling - Au hasard de la vie, trad. Varlet, 1928.djvu/246

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

oui ni non à ça. De sa petite voix fine il se mit à chanter un cantique, et je lui répondis par un refrain composé uniquement de malédictions et de blasphèmes contre mes chevaux, et je commençai à sentir à quel point je le haïssais. C’était d’ailleurs un si petit bonhomme. Rien ne m’aurait empêché de le prendre d’une main et de le jeter dans le Trou-au-Cuivre-de-Garstang… un endroit où le ruisseau filait par-dessus le rebord du rocher et tombait avec à peine un murmure dans un abîme dont on n’avait pas à Greenhow de corde assez longue pour trouver le fond.

Une fois de plus Learoyd déracina d’innocentes violettes.

— Eh bien oui, il verrait les entrailles de la terre et plus jamais rien d’autre. Je n’avais qu’à le mener à un kilomètre ou deux le long de la descente, et l’y laisser avec sa chandelle éteinte crier alleluia, il n’aurait personne pour l’entendre et dire amen. Je devais le mener en lui faisant descendre les échelles jusqu’à la coupe où travaillait Jesse Roantrée, et alors pourquoi ne glisserait-il pas sur une échelle, grâce à mon pied qui lui écraserait les doigts pour lui faire lâcher prise, et à un bon coup de talon sur la tête ? Ou si je passais le premier pour descendre l’échelle je pouvais encore l’empoigner par une patte et le projeter par-dessus ma tête, de sorte qu’il irait s’aplatir au fond du puits, en se fracassant les os contre tous les boisages, comme il advint à Bill Appleton qui avant cela était entier, et à qui il ne restait plus un seul os quand il arriva au fond.