Page:Kipling - Au hasard de la vie, trad. Varlet, 1928.djvu/262

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allons nous mutiner jusqu’à ce qu’il soit à sec. Fusiller le colon sur le champ de manœuvres, massacrer les officiers de compagnie, piller l’arsenal, et puis… les gars, vous l’a-t-il dite, la suite ? Il me l’a dite à moi l’autre soir quand il commençait à parler à tort et à travers. Et puis, nous irons nous unir aux moricauds, et demander secours à Dhulip Singh et aux Russes !

— Et gâcher la plus belle campagne qu’il y eut jamais de ce côté-ci de l’enfer ! Danny, j’aurais volontiers renoncé à la bière pour le plaisir de lui administrer la volée qu’il mérite.

— Oh ! il ne perdra rien pour attendre, mon bon ! Il manque de constructivité, mais ce que je vous dis, c’est l’essentiel de son plan, et vous devez admettre que j’en suis, et vous aussi. Il faudra pour nous convaincre des océans de bière… des pleins firmaments. Nous lui donnerons des paroles pour son argent, et l’un après l’autre tous les gars y viendront et il aura une nichée de neuf cents mutins à couver et à abreuver.

— Ce qui me rend fou à tuer, c’est qu’il s’attend à nous voir faire ce que les moricauds ont fait il y a trente ans. Ça et son toupet de salaud quand il dit que d’autres régiments feraient comme nous, prononça un homme du Kerry.

— Ça n’ira tout de même pas au point de faire semblant que nous allons tirer sur le colon !

— Zut pour le colon ! Je ne demanderais pas mieux que de lui envoyer une balle dans son casque pour le voir sauter en l’air et se tenir sa vieille tête