Page:Kipling - Au hasard de la vie, trad. Varlet, 1928.djvu/274

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De nouveau Mulcahy frissonna.

— Et comment pourrait-on souhaiter mourir mieux qu’en se battant ? ajouta Dan en guise de consolation.

— Et si je ne voulais pas ? fit tout bas le caporal d’une voix sèche.

— Il y aura pas mal de fumée, répliqua Dan, en se mettant sur son séant et énumérant la situation sur ses doigts ; pour sûr, et le bruit de la fusillade sera formidable, et nous serons à courir çà et là de tous côtés, du moins le régiment. Mais nous, je dis Horse et moi… nous resterons auprès de toi, Mulcahy, et nous ne te lâcherons pas d’un cran. Il se peut qu’il arrive un accident.

— Ça, c’est agir salement avec moi. Laisse-moi m’en aller. Par pitié laisse-moi m’en aller. Je ne t’ai jamais fait de mal, et… je t’ai payé autant de bière que je l’ai pu. Oh ! ne sois pas dur pour moi, Dan ! Tu es… tu en étais aussi. Tu ne voudrais pas me tuer là-bas, dis ?

— Je ne m’occupe pas de ta trahison ; bien que tu devrais être fier que d’honnêtes garçons aient bu avec toi. C’est à cause du régiment. Ce serait honteux à nous de te laisser nous faire honte. Tu es allé trouver M. le major en sournois comme un chat malade pour obtenir de rester en arrière et de loger avec les femmes au dépôt… toi qui voulais nous faire courir à la mer en hordes de loups comme les rebelles que pas un de ta sale race n’oserait être ! Mais nous avons su quand même ta visite à M. le major, car il l’a racontée au mess, et cela s’est répandu dans