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amour-des-femmes

de taches au canon et à la culasse, sur lequel viendraient prêter serment une demi-douzaine de témoins militaires et superflus ; il y aurait la chaleur, la buée étouffante, qui font glisser et chavirer le crayon humide entre les doigts ; et le punkah ferait son bruit monotone, et les plaideurs jacasseraient sous les vérandas, et le capitaine de l’accusé apporterait des certificats de moralité à l’actif du prisonnier, tandis que le jury soufflerait et que les effets de toiles des témoins jetteraient une odeur de teinture et de potasse. Puis, quelque abject balayeur de chambrée perdrait la tête au cours de l’interrogatoire, et le jeune avocat qui plaide toujours les causes militaires en vue du crédit qu’elles ne lui apportent jamais, dirait et ferait des choses étonnantes, après quoi il s’en prendrait à moi de n’avoir pas transcrit ses paroles avec exactitude. Enfin, car on ne le pendrait certainement pas, je retrouverais peut-être l’accusé, en train de quadriller des bordereaux en blanc dans la prison Centrale, et lui relèverais le moral