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la plus belle histoire du monde

— Ça paraît tellement idiot maintenant ! dit-il lugubrement. Et pourtant cela semblait si bien avant, pendant que j’y pensais. Qu’est-ce qui cloche ?

Je ne pouvais le décourager en lui disant la vérité. Aussi je répondis :

— Quelquefois on ne se sent pas en train d’écrire.

— Oui, je me sens en train… sauf quand je regarde ce fatras. Pouah !

— Lisez-moi ce que vous avez fait, dis-je.

Il lut. C’était prodigieusement mauvais. Il s’attardait à toutes les phrases les plus boursouflées, quêtant une approbation ; car il était fier de ces phrases-là, comme il fallait s’y attendre.

— Il faudrait serrer, suggérai-je avec précaution.

— J’ai horreur de tailler dans ce que je fais. Je ne crois pas possible de changer un mot là-dedans sans altérer le sens. Cela sonne mieux lu tout haut que lorsque j’écrivais.

— Charlie, vous souffrez d’un mal alarmant.