Page:Kipling - Histoires comme ça pour les petits, trad Humières et Fabulet, 1903.djvu/100

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— Il y a ton grand harpon noir à la maison, dit Taffy. Laisse-moi retourner à la grotte d’un temps de trot et le demander à M’man.

— C’est trop loin pour tes grosses petites jambes, dit Tegumai. De plus, tu es capable de tomber dans l’étang aux castors et de te noyer. Il faut faire contre mauvaise fortune bon cœur.

Il s’assit et prit une petite sacoche de peau rapiécée, pleine de nerfs de renne et de lanières de cuir, de mottes de cire et de bouts de résine, et se mit à raccommoder le harpon. Taffy s’assit aussi, les doigts de pied dans l’eau et le menton dans la main, et se mit à réfléchir très fort. Alors elle dit :

— Dis donc, P’pa, c’est très embêtant de ne savoir écrire ni l’un ni l’autre. Si nous savions, nous pourrions envoyer une lettre pour demander le harpon.

— Taffy, dit Tegumai, combien de fois t’ai-je demandé de ne pas parler comme ça. Embêtant ne se dit pas ; mais, tout de même, ce serait très commode si on pouvait écrire à la maison.

À ce même moment, un Étranger s’en vint le long de la rivière ; mais il appartenait à une tribu lointaine, les Tewaras, et il ne comprenait pas un mot du langage de Tegumai. Il restait debout sur le bord, en souriant à Taffy, parce que lui aussi avait une petite fille à la maison. Tegumai tira un écheveau de nerfs