Page:Kipling - Histoires comme ça pour les petits, trad Humières et Fabulet, 1903.djvu/38

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— Ne bouge pas, ô individu sans couleur ni forme ; Je vais rester assis sur ton cou jusqu’à l’aube, parce qu’il y a quelque chose en toi que je ne comprends pas.

Tout à coup grognement, choc, bruit d’échauffourée et l’Éthiopien cria :

— J’ai attrapé une chose que je ne peux pas voir. Cela sent comme Girafe et cela rue comme Girafe, mais cela n’a aucune forme du tout.

— Méfie-toi, dit le Léopard. Reste assis sur son cou jusqu’à l’aube ; fais comme moi. Rien ne semble avoir de forme par ici.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

À l’aube claire, le Léopard dit :

— Qu’as-tu à ton bout de table, Frère ?

L’Éthiopien se gratta la tête et dit :

— Ça devrait être ’sclusivement d’un riche jaune d’or, jaune de la tête aux pieds, et ça devrait être Girafe ; mais c’est tout couvert d’empreintes marron. Et toi, qu’as-tu à ton bout de table, Frère ?

Le Léopard se gratta la tête et dit :

— Ça devrait être ’sclusivement d’un fauve tirant sur le gris perle et ça devrait être Zèbre ; mais c’est tout couvert de bandes noires et rouges. Que diable t’es-tu amusé à te faire, Zèbre ? Ne sais-tu pas que, sur le Hault-Veldt, je te verrais à dix milles ? Tu n’as pas de forme.