Page:Kipling - Histoires comme ça pour les petits, trad Humières et Fabulet, 1903.djvu/57

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— Alors tu attendras longtemps, dit le Serpent-Python-Bicolore-de-Rocher. Il y a des gens qui ne connaissent pas leur bonheur.

L’Enfant d’Éléphant resta là trois jours assis, attendant que son nez diminue. Mais ce nez ne diminuait pas et même il le faisait loucher. Car, ô Mieux Aimée, tu as saisi et compris que le Crocodile, à force de tirer, en avait fait bel et bien une trompe, telle que tous les Éléphants portent aujourd’hui.

Vers la fin du troisième jour, une mouche vint, qui le piqua sur l’épaule ; et avant de savoir ce qu’il faisait il leva sa trompe et tua cette mouche.

— ’Vantage numéro UN, dit le Serpent-Python-Bicolore-de-Rocher. Tu n’aurais jamais pu faire ça avec un simple petit tronçon de nez. Essaye de manger un peu, maintenant.

Avant de se rendre compte de ce qu’il faisait, l’Enfant d’Éléphant étendit sa trompe et arracha un gros paquet d’herbe, en épousseta les racines contre ses jambes de devant, et se le tassa dans la bouche.

— ’Vantage numéro DEUX ! dit le Serpent-Python-Bicolore-de-Rocher. Tu n’aurais jamais pu faire ça avec un simple petit tronçon de nez. Ne trouves-tu pas que le soleil tape dur ici ?

— C’est vrai, dit l’Enfant d’Éléphant.

Et, avant de se rendre compte de ce qu’il faisait,