Page:Kipling - Le Livre de la jungle, trad. Fabulet et Humières.djvu/134

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— Quelle est cette folie ? dit Buldeo d’un ton de colère. Et tu te figures que tu peux écorcher un tigre !… Où les buffles l’ont-ils tué ?… C’est même le tigre boiteux, et il y a cent roupies pour sa tête… Bien, bien, nous fermerons les yeux sur la négligence avec laquelle tu as laisse le troupeau s’échapper ; et peut-être te donnerai-je une des roupies de la récompense quand j’aurai porté la peau à Kanhiwara.

Il fouilla dans son pagne, en tira une pierre à fusil et un briquet, et se baissa pour brûler les moustaches de Shere-Khan. La plupart des chasseurs indigènes ont coutume de brûler les moustaches du tigre pour empêcher son fantôme de les hanter.

— Hum ! dit Mowgli comme à lui-même, tout en rabattant la peau d’une des pattes. Ainsi, tu emporteras la peau à Kanhiwara pour avoir la récompense, et tu me donneras peut-être une roupie ? Eh bien, j’ai dans l’idée de garder la peau pour mon compte. Hé, vieil homme, à bas le feu !

— Quelle est cette façon de parler au chef des chasseurs du village ? Ta chance et la stupidité de tes buffles t’ont aidé à tuer ce gibier. Le tigre venait de manger : sans cela, il serait maintenant à vingt