milles d’ici. Tu ne peux même pas l’écorcher proprement, petit mendiant, et il faut que ce soit moi, Buldeo, qui me laisse dire : « ne brûle pas ses moustaches ! » Mowgli, je ne te donnerai pas un anna de la récompense, mais une bonne correction, et voilà tout. Laisse cette carcasse !
— Par le taureau qui me racheta ! dit Mowgli en attaquant l’épaule, dois-je rester tout l’après-midi à bavarder avec ce vieux singe ? Ici, Akela ! cet homme-là m’assomme !
Buldeo, encore penché sur la tête de Shere Khan, se trouva soudain aplati dans l’herbe, un loup gris sur les reins, tandis que Mowgli continuait à écorcher comme s’il n’y eût eu que lui dans toute l’Inde.
— Ou-ui, dit-il entre ses dents. Tu as raison, après tout, Buldeo : tu ne me donneras jamais un anna de la récompense !… Il y a une vieille querelle entre ce tigre boiteux et moi… une très vieille querelle… et j’ai gagné !
Pour rendre justice à Buldeo, s’il avait eu dix ans de moins et qu’il eût rencontré Akela dans les bois, il aurait couru la chance d’une bataille ; mais un loup qui obéissait aux ordres d’un enfant, d’un enfant qui lui-même avait des difficultés personnelles avec des tigres mangeurs d’hommes, ce n’é-